9 mois plus tard , petit bilan

Que d'escales ( plus de 50 ) et de miles parcourus ( là je n'ai pas totalisé) .

Au départ de Gruissan , je hurlais au démâtage dès que nous avions plus de 10 nœuds de vent . Quant à la houle qui dépassait les 50 cm , c’était pour moi annonciateur de tsunami . Lorsque nous parcourions 20 miles en 24h , nous étions fiers et exténués . Aujourd'hui , 20 nœuds de vent nous conviennent à peine et si nous parcourons un minimum de 130 miles par jours , nous sommes tout juste satisfait . Je me revois dans le pot au noir essuyant les grains arnachée comme une jument , ou subir 6m de houle entre les Canaries et le Cap Vert , je pense au chemin parcouru et à l'assurance que nous avons pris depuis . Il faut dire que la méditerranée , qui est une mer dure et épuisante nous a aguerri , mais a aussi été à deux doigts de nous faire rebrousser chemin . Puis nous avons rencontré Olivier et son équipage sur Losadama qui a su nous rendre confiance en nous . Avoir traversé l'Atlantique en passant par le Brésil à leur coté nous a apporté une petite pointe d'orgueil , mais nous avons su conserver une certaine humilité face à ces éléments que sont l’océan et le vent qui se chargent à leur façon , parfois violente , de nous remettre à notre place .

Vous l'aurez remarqué au long de ce blog , nous n’apprécions pas vraiment les navigations . Nous avons rarement pu compter sur une météo fiable , et l'ennui en nav est mortel . Préparer les repas lorsque l'on est secoué comme un prunier devient vite un calvaire . Le repos y est une notion qu'il faut mettre entre parenthèse . Peu importe le genre d’activité que nous pratiquons , elle est faite sans entrain . En réalité , seule la lecture nous appaisait à-peu-près .

Nous n'avons jamais connu de nav dont la houle longue et douce aurait pu nous apporter un peu de répit . Après des navigations de plusieurs jours nous arrivions donc aux escales déjà passablement déchirés , mais il fallait en plus se farcir les clearances ( les fonctionnaires des pays où nous avons fait escale n'ont vraiment rien a envier aux nôtres français ) , l'avitaillement , le bidonnage pour l'eau et le carburant , la poste pour le cned , les lessives et les ballades touristiques sans quoi ce voyage n'aurait eu aucun intérêt . Sans parler de l'inspection du gréement .

L'ambiance à bord : si vous avez tendance à vous friter entre avec votre conjoint , la vie de bateau est le meilleur moyen d’améliorer vos performances . Plus sérieusement , la promiscuité n'est pas la base du problème , mais associe aux difficultés de nav qui engendrent la fatigue nerveuse , cela peut devenir un enfer si chacun n'y met pas un peu du sien . Prendre comme une fatalité certains événements et se dire que l'on ne peut rien contre les élément et encore moins contre les fonctionnaires est le meilleur moyen de rester à peu près zen .

Ne pas pouvoir prendre des douches à l'eau douce régulièrement ( nous nous lavons a l'eau de mer ) a été pour moi une réelle gène . Mais les fois où j'ai pu me laver dans une vraie salle de bain m'ont permis d’apprécier ces ablutions d'autant plus agréables que ces instants étaient rares . Finalement , la vie de bateau nous permet d’apprécier , de façon parfois démesurée des situations qui à terre sont si banales que l'on n'y porte plus aucune attention .

Vous l'aurez compris , vivre sur un voilier n'est pas de tout repos , et notre périple n'a rien a voir avec une navigation d'un week-end ensoleille au mois d’août . Beaucoup s'imaginent que ce mode de vie leur apportera la liberté , mais cet état est pour moi un fantasme crée par de doux rêveurs en mal de poésie . Charmante notion que l'on ne peut qu'effleurer et qui ne dure qu'un temps . La réalité , avec ses corvées et ses obligations nous rattrape toujours , et la chute est d'autant plus rude que le désir de liberté est sincère .

Mais alors me direz-vous , d’où tirons nous notre plaisir ? Rencontrer d'autres navigateurs entendre des récits de nav incroyables , les soirées qui suivent ces rencontres , la découverte d'un lieu , de ses habitants et de leur culture , les scènes de vie inhabituelles et qui deviennent notre quotidien , des enfants bien plus épanouis , les retrouvailles avec les équipages connu aux différentes escales , tout cela et d'autres encore valent bien quelques miles de galères . Regardez encore les photos du blog , elles sont bien plus parlantes .

Nous ne nous considérons pas comme de vrais marins mais nous ne sommes pas non plus des caboteurs de marina . Vivre sur l'eau est parfois difficile , surtout si comme moi on n'aime ni le vent , ni le sel , ni le soleil brûlant . Fatigués ou pas , nous ne pouvons nous permettre de repousser au lendemain les nombreuses tâches du bord qui peuvent remettre en cause la sécurité . Nos filles ne se sont jamais plaintes , pas même un murmure . Quant à Simon et moi , je dois avouer que nous sommes parfois prit de ras le bol , surtout ces derniers temps avec la remontée des petites Antilles qui nous a bien épuisée ( trop d'escales courte ) . Nous remettons régulièrement la suite de notre voyage en question et mon désir aujourd'hui est d’arrêter suffisamment longtemps la navigation pour que plus tard , le manque me donne envie de boucler ce tour du monde . Car il faut une sacrée dose de curiosité pour avoir toujours envie d'aller voir plus loin en acceptant de faire l'impasse sur les difficultés .

9 mois plus tard , petit bilan Que d'escales (

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